Communiqué du CSD de la CGT Educ' 78

Publié le par CGT Educ'action des Yvelines

Communiqué du CSD de la CGT Educ' 78
Communiqué du Conseil syndical départemental
C.G.T Educ'action des Yvelines
6 octobre 2016

 

Dans le prolongement de notre rouge printemps, la rentrée politique et syndicale s’agite dans la rue, les médias et les cénacles. Alors que mi-septembre la classe ouvrière a rappelé une quatorzième fois de suite sa farouche détermination et son opposition à la « loi Travail et son monde », nos salles des profs se sont elles réveillées avec la traditionnelle « gueule de bois » de rentrée. Tirant le rideau sur ces revendications ouvrières et la lourde colère sociale, le théâtre des vaniteux et son cortège de tristes acteurs, candidats primaires, hommes providentiels et autres intrigants, sont en prime-time sur toutes les chaînes. Les trois coups ont retenti, la pièce va être rejouée et le scénario reste inchangé : silence dans la salle, éteignez vos revendications et rendez-vous à la fin du spectacle pour voir si cette cuvée sera meilleure que la précédente…

Dans cette « démocratie du spectacle », notre organisation, la C.G.T, doit continuer d’être, comme en 1906 lors de la publication de la Charte d’Amiens, ce groupement de résistance au service de l’émancipation des travailleurs. Fer de lance de cette mobilisation qui dure contre la casse du code du travail nous avons, nous cégétistes, montré au monde que notre combativité n’est pas émoussée et qu’il faudra encore nombre de 49-3 pour tenter d’étouffer le souffle de notre liberté. Dans une social-démocratie pieds et poings liés au Capital et à ses intérêts, où la représentation populaire est bâillonnée, où l’expression des travailleurs dans la rue est encadrée par des militaires, où des policiers aux ordres fouillent les manifestants et refusent à certains citoyens la simple liberté de circuler, où l’état d’urgence est devenu un état de fait, la C.G.T doit faire sienne l’aphorisme de Tocqueville : « nous croyons qu’il y a des résistances honnêtes et des rébellions légitimes » !

Dans cette lutte des classes qui traverse les temps et les sociétés, notre organisation se trompe rarement de combats mais peut manquer de discernement à l’heure de déterminer qui sont nos amis de nos ennemis. Deux récentes polémiques illustrent à notre sens ces « rendez-vous manqués » avec notre Histoire.

Tout d’abord en Euskadi où la confédération combat actuellement le droit au syndicat basque L.A.B de se présenter aux élections professionnelles des T.P.E. Reprochant au L.A.B ses combats jumeaux en faveur d’une double émancipation sociale et nationale, notre C.G.T entend museler un partenaire de lutte qui défile à nos côtés depuis de nombreuses années et semble oublier que depuis son origine le syndicalisme poursuit précisément un but « politique » d’émancipation des travailleurs qu’ils soient français ou basques.

Notre C.G.T semble s’égarer ensuite en publiant, il y a de cela quelques jours, un communiqué condamnant l’engagement de la brigade française « Henri KRASUCKI » en Syrie face à Daesh et l’utilisation du nom de son ancien premier dirigeant. Ces combattants internationalistes, qui sont sortis de l’ombre en envoyant un message de soutien aux syndicalistes condamnés d’Air France, perpétuent selon nous les engagements internationalistes du passé, en particulier dans les Brigades Internationales de 1936 en Espagne où nombre de camarades cégétistes ont perdu la vie face au franquisme. Les valeurs portées par Krasucki, militant communiste dans la résistance antifasciste, combattant de l’ombre torturé et déporté se retrouvent aujourd’hui dans cette lutte contre les ennemis de l’humanité. Cette lutte ne réclame ni héros, ni messies, mais elle fait partie intégrante du plus fondamental des droits : le droit à la vie et pour cela elle mérite toute notre solidarité.

L’unité est donc plus que jamais notre combat, un combat que nous nous devons de mener au sein de notre action syndicale que nous voulons collective, incarnant plus que jamais un autre futur et donnant corps à nos solidarités.

Notre pratique du syndicalisme au sein de l’Education Nationale n’a ainsi jamais été conçue et pratiquée comme un baroud d’honneur corporatiste coupé des réalités sociales et politiques de notre société. Nos établissements ne sont pas des îlots protégés, vivant en vase clos. Les attaques perpétrées contre notre pratique de l’éducation rejoignent les attaques contre le monde du travail. Une défense cloisonnée de notre pratique éducative est ainsi vouée à l’échec face au rouleau compresseur qui détruit le modèle social français et les services publics. Réforme du collège, fin actée de l’éducation prioritaire, déstructuration des filières professionnelles au profit de l’apprentissage, vaste recours aux contractuels dans le 1er degré, perte de l’attractivité du métier chez les jeunes étudiants, nouvelles consignes de sécurité altérant le fonctionnement des vies scolaires et créant un climat de suspicion permanente, remise en cause du statut des fonctionnaires… c’est le socle de notre métier qui se fissure de tout côté, laissant s’infiltrer la doxa libérale et sécuritaire. Cette dernière rentrée du quinquennat accentue ainsi un peu plus le fossé entre la vision managériale du ministère et de ses énarques et celle des personnels de l’Education mobilisés chaque jour pour la réussite de nos élèves.

Notre lutte est plus que jamais une lutte unitaire car la logique que nous combattons est unie autour de ses objectifs réactionnaires.

Notre lutte est plus que jamais cette colère sourde qui ne demande qu’à s’émanciper pour entrer enfin dans l’action !

Notre lutte est plus que jamais une lutte de classe, dans la rue et dans nos classes, face à la finance et au capitalisme qui précarisent nos vies et celles de nos élèves.

Notre lutte est plus que jamais une lutte sans indulgence pour nos ennemis car nous ne connaissons que la justice.

Notre lutte est plus que jamais une lutte syndicale où, face à l’épuisement du parlementarisme et la sombre farce des prochaines échéances électorales, l’action syndicale demeure un véritable rempart contre la résignation et la désespérance sociale.

Dans une société où l'idéologie dominante prétend trop souvent qu'il vaut mieux s'adapter au monde plutôt que d'essayer de le changer, n’oublions jamais que ceux qui vivent réellement se sont ceux qui luttent

 

La C.G.T Educ'action des Yvelines.

Publié dans SDEN78

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